Le 25 mai marque l'anniversaire de l'assassinat à Paris de Symon Petlioura, une figure emblématique du mouvement pour l`Indépendance ukrainienne au début du XX-me siècle.
Encore aujourd'hui, une vision erronée des Ukrainiens, et en particulier de Petlioura, circule, propagée par la Russie, les présentant comme des antisémites responsables de pogroms.
Pendant les guerres de libération ukrainiennes de 1917-1921, des pogroms ont eu lieu dans certaines régions d'Ukraine. La propagande soviétique et russe tentent par tous les moyens de rejeter la responsabilité de ces pogroms uniquement sur le gouvernement ukrainien et en particulier sur Simon Petlioura.
En réalité, les pogroms ont été organisés par divers éléments marginaux, des détachements bolcheviques individuels qui liquidait les "juifs bourgeois", les gardes blancs, l'armée anarchiste de Nestor Makhno, les atamans non contrôlés par le gouvernement ukrainien et certaines unités démoralisées qui se sont détachées de l'armée régulière.
Dans l'ordre n° 131 du 26 août 1919 adressé aux soldats ukrainiens, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Simon Petlioura, déclarait :
"Des gens sombres, des Cent-Noirs et des Cent-Rouges (une même bande sombre), divers provocateurs sont sortis de leurs recoins et ont commencé un travail honteux sur notre terre. Ils tissent obstinément leur toile de provocation, provoquant des pogroms contre la nation juive et incitant parfois à cette terrible action certains éléments instables de notre armée... Tous ceux qui vous inciteront à des pogroms, j'ordonne résolument de les chasser de notre armée et de les traduire en justice comme traîtres à la Patrie...
Officiers et soldats ! Il est temps de comprendre que les Juifs ont, tout comme la majorité de la population ukrainienne, souffert des horreurs de l'invasion bolchévique et communiste, et qu'ils sont sur le chemin de la vérité.
Les partis juifs les plus importants, à savoir le « Bund », les « Socialistes juifs unifiés », les «Poaleï-Zion » et le « Parti du peuple », se sont rangés aux côtés de l'Etat ukrainien indépendant et œuvrent, avec lui, à sa prospérité.
La noble armée qui apporte la fraternité, l'égalité et la liberté ne prêtera pas une oreille complaisante aux aventuriers et provocateurs assoiffés de sang humain. Elle ne peut davantage demeurer indifférente face au sort tragique des Juifs. Quiconque se rendra coupable d'un acte criminel d'une telle gravité devra être considéré comme traître et ennemi de son pays, et il sera mis au ban de la société humaine...
Je vous ordonne expressément de repousser avec vos armes, ceux qui vous incitent aux pogroms, et de les livrer aux tribunaux, comme ennemis de l'Etat. Les tribunaux les jugeront pour leurs actions et les peines les plus lourdes prévues par la loi seront appliquées à tous ceux reconnus coupables." Ce texte est publié dans l’ouvrage de Taras Hunczak «Symon Petlura et les juifs», BUSP, Paris 1987 (Le texte intégral Eastern Europe, Paris, novembre 1919, pp.149-150).
Le Rada central (Conseil d`Etat) de la République Populaire Ukrainienne a accordé aux Juifs une autonomie nationale personnelle, et certains Juifs ont fait partie du gouvernement ukrainien en tant que ministres.
Il est important de dissiper le mythe selon lequel Petlioura était un antisémite. Les preuves historiques montrent qu'il s'est opposé fermement aux pogroms et a œuvré pour la coexistence pacifique entre les Ukrainiens et les Juifs.
Les clés pour mieux comprendre Symon Petlioura (1879-1926), un homme d'État ukrainien, figure importante du mouvement national ukrainien au début du XX-me siècle. Il fut le Commandant suprême de l'Armée et le troisième président de la République populaire ukrainienne 1919-1920 :
Politique: Petlioura était un autonomiste puis indépendantiste qui a lutté pour la création d'un État ukrainien indépendant.
Militaire: Il a joué un rôle crucial dans la formation de l'armée ukrainienne et a combattu contre les bolcheviks et l'Armée blanche pendant la guerre civile bolchevique.
Exil: Vaincu, il a quitté l'Ukraine et s`est installé en France en 1924 et a dirigé le gouvernement ukrainien en exil. Il est mort assassiné à Paris le 25 mai 1926 par Samuel Schwartzbard, commandité par l'OGPU, les services secrets soviétiques pour eliminer un opposant politique, empêcher une alliance entre l'Ukraine et la Pologne et détourner l'attention des pogroms organisés par les Soviétiques.
La propagande et l'historiographie soviétiques dépeignirent Symon Petlioura comme un antisémite fanatique, un individu démoniaque afin de diaboliser l'Ukraine et son histoire. Cette image s'ancra dans les esprits, les informations sur le mouvement national ukrainien de l'époque étant peu connues et ses manifestations s'étant déroulées au cours d'une période agitée de la guerre civile en Russie bolchevique. Pourtant, les écrits de Symon Petlioura, au nombre de plusieurs milliers, contredisent ces allégations.
Symon Petlioura est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.
En Ukraine, il est considéré comme un héros national, qui fait partie du Panthéon des fondateurs de l'Etat ukrainien.
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