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TÉMOIGNAGE. Brandon, blessé sur le front en Ukraine :


"J’attends un seul truc, sortir de l’hôpital pour reprendre le combat"
"J’attends un seul truc, sortir de l’hôpital pour reprendre le combat"

Il y a un an, « La Dépêche » avait rencontré Brandon sur la place Maïdan à Kiev. Il était venu rendre hommage à « Frenchie », un frère d’armes décédé sur le front enfévrier 2023. DDM, archives


En ce 24 février 2025, date du 3e anniversaire du déclenchement de la guerre en Ukraine, nous avons pris des nouvelles de Brandon Nicolas. Parti de Nérac pour s’engager dans la Légion internationale ukrainienne, le jeune homme natif de Montauban avait été gravement blessé sur le front du Donbass, le 4 décembre 2022. Toujours hospitalisé à Lviv, il attend d’être opéré de la jambe droite... et ne s’imagine pas vivre ailleurs qu’en Ukraine.


"Il y a quelque chose de fort qui me relie à ce pays, encore plus depuis que j’ai été blessé."

Sur son lit d’hôpital, à Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine, Brandon Nicolas, engagé depuis mars 2022 dans le contingent des combattants volontaires français, confie ses espoirs.


Ce 24 février 2025 marque le 3e anniversaire du déclenchement de "l’opération spéciale" de Poutine en Ukraine, une guerre qui ne disait pas encore son nom. "Pour moi, ce n’est pas une date particulière. À force, on s’y habitue. Tous les jours se ressemblent", confie le jeune homme de 29 ans, originaire de Montauban (Tarn-et-Garonne).


La réalité de cette guerre a marqué Brandon dans sa chair. Dans la nuit du 4 au 5 décembre 2022, près de Lougansk, sur le front duDonbass, son unité a été prise sous le feu ennemi. Trois de ses camarades de combat ont été tués. Atteint par plusieurs balles au ventre, aux deux bras et surtout à la jambe droite, avec un pronostic vital engagé, le jeune homme n’a pas pu donner de ses nouvelles pendant plusieurs semaines à son père, ancien para du 17e RGP de Montauban dont "La Dépêche" avait relayé l’appel.


"Depuis 2 ans, je crois que j’ai fait le tour des hôpitaux en Ukraine. J’avais même été transféré à un moment en Pologne. Aujourd’hui, ça va, j’ai passé des examens. Il me reste encore des opérations à la jambe droite. Mon pied est trop court de 10 centimètres, je ne peux pas le bouger. J’attends un seul truc : sortir de l’hôpital pour reprendre le combat."


Avec une bonne dose d’humour noir, il lance :


"Je reviendrai soit entre quatre planches, soit vivant, à la fin de la guerre. Mais si je rentre en France, ce sera juste pour des vacances. Ici, la mentalité n’est pas la même... et les filles sont beaucoup plus jolies."


Ma fille, qui aura bientôt 8 ans, a juste peur que je meure mais je la rassure en lui disant : Tu sais, papa est immortel.


Quand il a quitté son domicile de Nérac, en mars 2022, pour rejoindre l’Ukraine, Brandon a laissé sa petite fille, qui vit avec sa maman à Villeneuve-sur-Lot, en Lot-et-Garonne. "Elle aura 8 ans le mois prochain. Je l’appelle plusieurs fois par semaine, on se voit avec la caméra. Elle a juste peur que je meure mais je la rassure en lui disant : Tu sais, papa est immortel."


"Je n’ai pas touché ma solde depuis juin"


Son futur, le soldat blessé ne l’imagine pas ailleurs qu’en Ukraine.


"Je vais demander la naturalisation. En tant que blessé de guerre, ce ne sera pas difficile de l’obtenir. Mais il faut que j’apprenne la langue. Pour le moment, je ne connais que quelques mots. Je me suis renseigné pour prendre des cours d’ukrainien, mais 38 euros de l’heure, c’est trop cher."


D’autant que depuis juin, Brandon Nicolas n’a pas touché sa solde. "D’octobre à janvier, je suis pourtant retourné à la base, mais comme je n’étais pas dans les forces opérationnelles je n’ai rien touché. Le colonel que j’ai appelé m’a dit qu’on me versera ce qui m’est dû, 1 million de hryvnia, ça équivaut à 30 000 euros. En attendant, heureusement que mes parents m’aident."


Le plus important, c’est que Brandon puisse recouvrer ses moyens physiques.


"Mercredi, je passe en commission médicale. J’espère que mon dossier pour Superhumans sera validé." Superhumans, c’est le nom de cet hôpital de Lviv devenu tristement célèbre : c’est ici qu’on répare les blessés les plus graves de la guerre, dont certains ont perdu un ou plusieurs membres. "Moi, j’ai failli perdre ma jambe droite, mais ils l’ont sauvée. Je vais subir une opération des nerfs, des tendons et des ligaments et on va me poser une plaque en fer dans le pied pour qu’il soit à 90°. C’est mon médecin de Lviv qui m’a expliqué ce qu’on allait me faire. Elle parle anglais et en plus, elle est mignonne... mais elle est mariée !".


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